jeudi 23 décembre 2010

Umutlu olmanin ayricaligi, aykiriligi














Olup biteni seyretmeyen insanlar aykiridir. Huznunu cami avlusuna birakmayan insanlar aykiridir. Gerisi gelir. Gulmeyi ozel bir yetenek sanmayanlar aykiridir. Hayat, carcur edilsin diye avuca sayilmus harclik degildir. Hayat ile gazoz alinmaz. Hayat, birahanelerde bahsis olrak birakimaz. Hayat, yalnizca martta dama cikmaz. Hayat kica kina yakmaz. Hayat, otel yakmaz. Hayat, kitap yakmaz. Hayat, hayat yakmaz; hayat sondurmez. Hayat, itfaiye degildir, kundaksi hic degildir cunku. Peki, nedir hayat ? Herkes kendi hayatinin tanimini yine kendi yapar. Herkes kendi apartmaninin yoneticisidir. Herkes kendi icindeki cevhere bir sans daha tanimalidir. Mutsuzsunuz. Hadi diyelim ki terkedildiniz. Olabilir, herkes zincirleme kaza yapabilir. Kimse size kan vermiyorsa, kendi kendinize kan verin. Damarlarinizdaki asil ya da asimile kanda mevcut olan kudret, kesinlikle kandirali degildir. Basaracaksiniz. Tipiniz oyle gosteriyor. Sartlar da elverisli. Zaman 'coo-o!' zamani degil, 'chee-e!' zamanidir. Asmayin suratinizi. Hic degilse, Mona Lisa'dan ders alin. Umutlu olmanin keyfini surun. Bu ayricaligi, bu aykiriligi yasayin. Yalnizca gozu bozuk olanlar pembe gozluk takar.

Kucuk Iskender
Belden Asagi Ask hikayeleri

mardi 21 décembre 2010

Unhappy men & Happy men

 










There is no mystery to happiness. Unhappy men are all alike. Some wound they suffered long ago, some wish denied, some blow to pride, some kindling spark of love put out by scorn - or worse, indifference- cleaves to them, or they to it, and so they live each day within a shroud of yesterdays. The happy man does not look back. He doesn't look ahead. He lives in the present.

Jed Rubenfeld
The Interpretation of Murder




lundi 20 décembre 2010

Une famille

En principe, toute famille a une histoire mais la mienne n'a pas duré très longtemps; ma famille rassemble des gens qui ne connaissent pas bien entre eux. A quoi sert une famille ? A se séparer. La famille est le lieu de la non-parole. Mon père ne parle plus à son frère depuis vingt ans. Ma famille maternelle ne connaît plus ma famille paternelle. On voit souvent sa tribu quand on est enfant, en vacances. Puis les parents se quittent, on voit moins souvent son père, abracadabra : une moitié de la famille disparaît. On grandit, les vacances s'espacent, et la famille maternelle s'éloigne aussi, on finit par ne plus la croiser qu'aux mariages, aux baptêmes et aux enterrements - pour les divorces, personne n'envoie de faire-part. Quand quelqu'un organise le goûter d'anniversaire d'une neveu ou un dîner de Noël, on trouve des excuses pour ne pas s'y rendre: trop d'angoisse, la peur d'être percé à jour, observé, critiqué, renvoyé à soi-même, reconnu pour ce que l'on est, jugé à sa juste valeur. La famille vous rappelle les souvenirs que vous avez effacés, et vous reproche votre amnésie ingrate. La famille est une succession de corvées, une meute de personnes qui vous ont connu bien trop tôt, avant que vous ne soyez terminé - et les anciens sont surtout les mieux placés pour savoir que vous ne l'êtes toujours pas [...] Une famille, c'est un groupe de gens qui n'arrivent pas à communiquer, mais s'interrompent très bruyamment, s'exasprèrent mutuellement, comparent les diplômes de leurs enfants comme la décoration de leurs maisons, et se déchirent l'héritage de parents dont le cadavre est encore tiède. Je ne comprends pas les gens qui considèrent la famille comme un refuge alors qu'elle ravive les plus profondes paniques. Pour moi la vie commançait quand on quittait sa famille. Alors seumement l'on décidait à naître.

Frédéric Beigbeder 
Un roman français
 










dimanche 12 décembre 2010

Un moyen de se donner du courage pour vivre comme un homme

Aussi lorsque sa rizière fut terminée et son riz semé et recouvert par une nappe d'eau, Robinson se demanda une fois de plus pourquoi il s'imposait tous ces efforts. S'il n'avait pas été seul, s'il avait eu seulement une femme et des enfants, ou même un seul compagnon, il aurait su pourquoi il travaillait. Mais sa solitude rendait toute sa peine inutile. Alors les larmes aux yeux, il redescendait au fond de la grotte... Il y resta si longtemps cette fois-ci qu'il fallait bien être trop faible pour en remontrer, et mourir ainsi tout au fond de son trou. Il chercha donc un moyen de se donner du courage pour vivre comme un homme et faire tout ce travail qui l'ennuyait tellement. Il se souvint que son père lui faisait lire les Almanachs de Benjamin Franklin, un philosophe, un savant et un homme d'État américain de ce temps-là. Dans ces almanachs, Benjamin Franklin donne des préceptes moraux qui justifient les hommes qui travaillent et qui gagnent de l'argent. Robinson pensa qu'en inscrivant ces préceptes dans toute l'île de façon à les avoir toujours sous les yeux, il ne se découragerait plus et céderait moins souvent à la paresse. Par exemple, il coupa autant de petits rondins qu'il en fallait pour former dans le sable des dunes de l'île des lettres composant la phrase suivante : "La pauvreté prive un homme de toute vertu : il est difficile à un sac vide de se tenir debout". Dans la paroi de la grotte il avait incrusté des petites pierres formant ainsi une sorte de mosaïque qui disait : "Si le second vice est de mentir, le premier est de s'endetter, car le mensonge monte à cheval sur la dette". Des bûchettes de pin enveloppées d'étoupe étaient posées sur un lit de pierres, toutes prêtes à être enflammées, et elles disaient dans leur arrangement : "Si les coquins savaient tous les avantages de la vertu, ils deviendraient vertueux par coquinerie". Il y avait enfin une devise plus longue que les autres - elle avait cent quarante-deux-lettres - et Robinson avait eu l'idée de tondre chacune de ces lettres sur le dos d'une chèvre de son corral, de façon que par hasard, quelquefois, les chèvres en remuant forment l'ordre des cent quarante-deux-lettres et fassent sortir la devise. Cette devise était la suivante : "Celui qui tue une truie anéantit toutes les truies qu'elle aurait pu faire naître jusqu'à millième génération. Celui qui dépense une seule pièce de cinq shillings assassine des monceaux de pièces d'or". 

Vendredi ou la vie sauvage
Michel Tournier 

samedi 11 décembre 2010

Accrocher au terrain

Cette nuit-là, nous la passâmes tous à boire de la bière, à blaguer, à discuter jusqu'à l'aube et, au matin, tandis que nous étions assis pêle-mêle, fumant en silence les mégots des cendriers sous la pâle lueur d'un jour triste, Dean se leva nerveusement, arpenta la pièce en méditant et décreta que la chose à faire, c'était pour Marylou de préparer le petit déjeuner et de balayer le plancher. "En d'autres termes, nous devons nous accrocher au terrain, chérie, comme je te le dis, autrement il y aura des fluctuations, nous serons dépourvus d'une intelligence réelle de la situation et nos projets ne se concrétiseront pas". 

Jack Kerouac 
On The Road


jeudi 9 décembre 2010

Edebiyat daha cok yasam

Kadin doyumsuz ozlemini dusunur. Bu bir ask ozlemi degil tipki onun gibi guclu bir yasam ozlemidir. O bu ozlemi o ana kadar, askla, tanidigi ve tanimadigi insanlarla olan iliskileriyle, edebiyata olan sevgisiyle doldurmaya calismistir. Okumak ve yazmakla. Turin'e giden trende tek basina oturdugu bu anda kendisini degistirmeye karar verir. O anda edebiyatin, yasamin kendisinden daha canli oldugunu kavrar ve edebiyatin dogmasinin nedeninin de bu oldugunu dusunur. O ana kadar o yasamin daha canli birsey olduguna inanmistir. Ama edebiyat daha cok yasam, daha cok ask, daha cok duygu, daha cok olum yukludur. Artik yalniz kalmaktan urkmez.

Tezer Ozlu
Zaman Disi Yasam 






 

mercredi 8 décembre 2010

Il ne faut pas que je regarde autour de moi


Paris. Le métro. Son odeur indéfinissable, inoubliable, impossible à oublier une fois qu’on l’a sentie, dont on a la nostalgie. Dans quelques secondes, pendant que la rame sera en train de sortir du noir, quelqu’un me poussera. Je regarde la bouche obscure. Il ne faut pas que je regarde autour de moi. Il ne faut pas que je voie celui qui me poussera. Le train est arrivé, je suis monté. Personne ne m’a poussé.


Bilge Karasu
La Nuit
 

mardi 7 décembre 2010

l'envie de parler à Madame de Clèves

 







Monsieur de Nemours fut longtemps à s'affliger et à penser les mêmes choses. L'envie de parler à Madame de Clèves lui venait toujours dans l'esprit. Il songea à en trouver les moyens, il pensa à lui écrire; mais enfin il trouva qu'après la faute qu'il avait faite, et de l'humeur dont elle était, le mieux qu'il pût faire était de lui témoigner un profond respect par son affliction et par son silence, de lui faire voir même qu'il n'osait se présenter devant elle, et d'attendre ce que le temps, le hasard et l'inclination qu'elle avait pour lui pourraient faire en sa faveur.

Mme. de Lafayette
La Princess de Clèves 

Loukoum quel scandale !



Titre : Loukoum scandale

Interprète : Starshooter


Loukoum quel scandale, j't'ai vue toute nue dans l'journal
Loukoum c'était fatal, t'étais trop belle pour le travail
Loukoum quel scandale, j't'ai vue toute nue dans l'journal
Loukoum c'était fatal, t'étais trop belle pour le travail

T'étais de loin la meilleure du quartier,
Et puis t'as tout compris et t'as gagné
Tu as les fourrures, les diam's et le blé
Et tu nous as tous laissés tomber

Le feu, tu l'allumes avec ces gros billets
Pour que la bête crache tu la fais bien baver
Le feu tu l'allume avec ses billets
Pour que la bête crache tu la fais bien baver
Hou hou hou, hou hou hou
Hou hou hou, hou hou hou
Oooooohhhh !

Quand je pense au boucher qui va te regarder
Et qu'il n'y a rien pour l'en empêcher
Il va te dévorer, manger le papier
Bientôt la fièvre va le faire délirer, délirer!

Loukoum quel scandale, j't'ai vue toute nue dans l'journal
Loukoum c'était fatal, t'étais trop belle pour le travail
Loukoum quel scandale, j't'ai vue toute nue dans l'journal
Loukoum c'était fatal, t'étais trop belle pour le travail

Les Suisses, les Belges et les Ricains
Ont tous ta photo à la main
Et les poids lourds qui s'en vont au grand nord
L'ont mise bien au chaud dans leur décor

Loukoum quel scandale, j't'ai vue toute nue dans l'journal
Loukoum c'était fatal, t'étais trop belle pour le travail
Loukoum quel scandale, j't'ai vue toute nue dans l'journal
Loukoum c'était fatal, t'étais trop belle pour le travail…
[ x 3 ] + Oh oh oh oh oooh!

lundi 6 décembre 2010

I knew her like a book



All of a sudden, on my way out to the lobby, I got old Jane Gallagher on the brain again. I got her on, and I couldn't get her off. I sat down in this vomity-looking chair in the lobby and thought about her and Stradlater sitting in that goddam Ed Banky's car, and though I was pretty damn sure old Stradlater hadn't given her the time - I know old Jane like a book - I still couldn't get her off my brain. I knew her like a book. I really did. I mean, besides checkers, she was quite fond of all athletic sports, and after I got to know her, the whole summer long we played tennis together almost every morning and golf almost every afternoon. I really got to know her quite intimately. I don't mean it was anything physical or anything - it wasn't - but we saw each other all the time. You don't always have to get too sexy to get to know a girl.

J. D. Salinger 
The Catcher in The Rye

mardi 9 novembre 2010

La force qu'il faut pour s'adapter


Cette image de l'écoulement infini du sable avait donné à l'homme un choc et une fièvre indicibles. Car la stérilité du sable ne tenait pas, comme le commun le pense, à son apparente nature, à sa simple sécheresse: elle tenait, se persuadait-il, à cet incessant écroulement par quoi le sable se manifeste comme l'irréductible adversaire de tout être vivant. Et l'homme avait alors pensé que, jour après jour, les humains, quant à eux, ne font que se tenir cramponnés les uns aux autres; et à ne considérer que la sinistre force de cet inéluctable instinct, à opposer sur la balance l'homme grégaire et le libre sable, l'effrayant contraste n'avait cessé de le hanter: "Oui, d'absolue certitude, le sable, parce qu'il se meut, est improbable à la vie. Mais est-il sûr que l'immobilité soit, quant à elle, l'indispensable condition de la vie ? De s'obstiner dans la fixité, n'est-ce point s'engager dans la plus odieuse des compétitions ? D'un côté, le Sable; de l'autre, l'Homme... Oui, mais, à supposer que, délaissant la fixité, un homme choisisse de se livrer tout entier au courant de l'écoulement du sable, alors ne se sauve-il point par là de la fatalité de la compétition ? Au fait, dans le désert, des fleurs fleurissent; dans le désert, des insectes vivent, et des bêtes. Capables de trouver en eux-mêmes la force qu'il faut pour s'adapter, ces êtres n'ont-ils point de la sorte mérité de sortir du misérable cercle de la compétition ? Tiens, mais... au fait, cette famille, entre autres, des cicindèles, qui m'avait si fort intrigué..."

Kôbô Abé
La femme des sables

The man within the breast & The real spectator


In solitude, we are apt to feel strongly whatever relates to ourselves : we are apt to over-rate the good offices we may have done, and the injuries we may have suffered : we are apt to be too much elated by our own good, and too much dejected by our own bad fortune. The conversation of a friend brings us to a better, that of a stranger to a still better temper. The man within the breast, the abstract and ideal spectator of our sentiments and conduct, requires often to be awakened and put in mind of his duty, by the presence of the real spectator : and it is always from that spectator, from whom we can expect the least sympathy and indulgence, that we are likely to learn the most complete lesson of self-command.

Adam Smith
The Theory of Moral Sentiments


mercredi 15 septembre 2010

La vie & l'idée d'une vie


Tu vois, Arthur, moi aussi je sais ce que c’est, la chair du monde. Je ne sais pas si c’est la notion dernière de la philosophie inaboutie de Merleau-Ponty, mais je sais qu’un jour le monde a cessé de clignoter et qu’il m’est apparu dans toute son épaisseur : j’avais rencontré Lena. Chaque centimètre carré de sa peau me posait une question. Le rond de son épaule. Le blanc de sa peau. Tout cela avait du sens. C’était du sens devenu sensible. Il y avait les mots qui la rendaient heureuse et les mots qui la faisaient souffrir. Il y avait son ventre que j’embrassais longtemps, très longtemps, avant de descendre plus bas […] Et notre amour, nous étions trop jeunes pour lui, notre amour qui nous violentait car tous les deux nous venions du même rêve, ne pas s’attacher, jamais, tous les deux nous avions vu nos parents se déchirer jusqu’au bout. Je changeais. Elle m’apprenait à préférer le corps d’une fille contre le mien au corps d’une fille dans mon souvenir, les instants avec elle à ces instants que j’avais toujours placés au-dessus de tout, où l’homme contemple sa vie du haut de ses dix-neuf ans et du fond d’une terrasse, vieux sage qui n’a besoin de personne pour l’aider à rêver l’inaccessible amour ou lui rappeler que son rêve en est un. Elle m’a appris à préférer la vie à mon idée de la vie.

Les infidèles
Charles Pépin

mercredi 21 juillet 2010

Mérite personnel





- Monsieur, mon neveu racontait tout à l’heure que vous étiez un peu ennuyé avant de vous endormir ; et d’autre part que vous admiriez les livres de Bergotte. Comme j’en ai dans ma malle un que vous connaissez probablement pas, je vous l’apporte pour vous aider à passez ces moments où vous ne vous sentez pas heureux.
- Mon malaise à l’approche de la nuit doit vous paraître bien stupide.
- Mais non. Vous n’avez peut-être pas de mérite personnel, si peu d’êtres en ont ! Mais pour un temps du moins, vous avez la jeunesse, et c’est toujours une séduction. Je sais ce qu’on peut souffrir pour des choses que les autres ne comprendraient pas. J’ai un autre volume de Bergotte ici, je vais vous le chercher. 

Marcel Proust
A la recherche du temps perdu
A l'ombre des jeunes filles en fleurs

Quelque chose qu'ils invitaient à venir prendre


Combien depuis ce jour, dans mes promenades du côté de Guermantes, il me parut plus affligeant encore qu’auparavant de n’avoir pas de dispositions pour les lettres, et de devoir renoncer à être jamais un écrivain célèbre ! Alors, tout d’un coup un toit, un reflet de soleil sur une pierre, l’odeur d’un chemin me faisaient arrêter par un plaisir particulier qu’ils me donnaient, et aussi parce qu’ils avaient l’air de cacher quelque chose qu’ils invitaient à venir prendre. Je m’attachais à me rappeler exactement la ligne du toit, la nuance de la pierre, qui, sans que je puisse comprendre pourquoi, m’avaient semblé plaines, prêtes à s’entr’ouvrir, à me livrer ce dont elles n’étaient qu’un couvercle. Une fois à la maison je songeais à autre chose et ainsi s’entassaient dans mon esprit bien des images différentes sous lesquelles il y a longtemps qu’est morte la réalité pressentie que je n’ai pas eu assez de volonté pour arriver à découvrir.

Marcel Proust
A la recherche du temps perdu 
Combray


mercredi 12 mai 2010

Happiness



Je n’ai jamais cessé de considérer que le bonheur est le critère de toutes les règles de conduite, et le but de la vie. Mais je tenais à présent que ce but serait atteint à condition de ne pas en faire un but direct. Ceux là seuls sont heureux, me disais-je, qui ont l’esprit occupé d’autre chose que de leur propre bonheur ; de celui d’autrui, des progrès de l’humanité, même de quelque art ou de quelque intérêt suivi non comme un moyen mais comme une fin idéale en soi… Demandez-vous si vous êtes heureux et vous cesserez de l’être. 

John Stuart Mill 
L'Autobiographie



dimanche 28 mars 2010

"C'est beau" suivi de "La surprise"











La beauté nous fascine car elle nous permet d'éprouver notre liberté de jugement  [...] Ainsi s'éclaire maintenant notre 'autoritarisme' lorsque nous disons 'C'est beau', nous ne disons en effet pas 'Cela me plait à moi' mais bien 'C'est beau' soit, implicitement, 'C'est beau pour tout le monde'. Mais ce n'est pas pour leur imposer notre vision. C'est comme si cette réconciliation, au fond de notre nature, nous soufflait de nous réconcilier aussi avec les autres. Le beauté crée en nous, en même temps que cette harmonie interne, un élan vers les autres que nous avons tous déjà éprouvé lorsque nous voulons voir autrui partager notre goût. C'est une expérience fréquente: la beauté d'un morceau de musique nous saisit mais un proche, à nos côtés, y reste insensible. Nous avons l'impression qu'il lui manque quelque chose d'essentiel. Nous ne comprenons pas que son jugement soit différent. Ce mur, qui vient de surgir entre nous, nous désole. Au fond, nous avons envie que l'autre soit d'accord, envie que la beauté nous mette d'accord. Et il n'y a rien qui s'oppose à cet accord des hommes autour de beau. Si l'appréciation de la beauté n'était qu'une question de sensibilité, ou d'intelligence, de 'bagage culturel', des frontières en effet se dresserait entre les individus (certains sont plus ou moins sensibles, d'autres plus ou moins cultivés). Mais comme elle ne dépend pas du développement particulier d'une de ces dimensions de l'homme mais simplement de l'accord, possible en chaque homme, entre notre sensibilité et notre esprit.


La beauté nous nous fascine parce qu'elle n'est pas comprise, et parce qu'elle est une surprise [...] Les surréalistes ont d'ailleurs théorisé cette surprise comme condition de la beauté : la surprise crée une rupture avec ces habitudes sociales ou intellectuelles qui nous coupent de nous-même, de notre vérité, cette vérité qui surgit justement à l'instant de cette si 'bizarre' réconciliation.

Une semaine de Philosophie - Charles Pépin

jeudi 11 février 2010

Two poems by çinla




Monsieur Deshimaru

Mais je ne m'ennuie pas. Les choses que l'on nous apporte sont tellement variées que je ne m'en lasse pas, d'autant que, dans la plupart des cas, les visiteurs ne sont jamais pressés de repartir après avoir rempli les formalités nécessaires. C'est parce qu'ils ont envie de me raconter par quel concours de circonstances ces objets arrivent jusqu'à nos jours. Écouter ce qu'ils ont à dire est une part importante du travail. Je crois qu'au cours de cette année j'ai fait des progrès dans la manière de prêter l'oreille, de sourire ou de relancer la conversation de sorte que la personne en face de moi se sente à l'aise. 

L'annulaire - Yoko Ogawa

vendredi 5 février 2010

Kendini boslukla tamamlar

KAVAKLAR


Bedenim üşür, yüreğim sızlar.
Ah kavaklar, kavaklar...

Beni hoyrat bir makasla
Eski bir fotoğraftan oydular.

Orda kaldı yanağımın yarısı,
Kendini boşlukla tamamlar.

Omzumda bir kesik el,
Ki durmadan kanar.

Ah kavaklar, kavaklar...
Acı düştü peşime ardımdan ıslık çalar.


Metin Altiok

jeudi 4 février 2010