samedi 15 janvier 2011

Je lui ai dit que je voulais partir


Je lui ai dit que je voulais partir dès que je pourrais. J'étais à bout. Je ne sais plus après combien de péripéties je suis allée me coucher. J'avais pris un comprimé pour dormir, comme tous les soirs, et j'étais allongée. Il a ouvert la porte, il s'est approché de moi, tout près, et il m'a dit : je suis content de t'avoir, tu sais, je t'aime, tu sais, je n'ai que toi. Je lui ai dit : ça me fait plaisir que tu me dises que tu es content de m'avoir, plus que quand tu me dis que tu n'as que moi, beaucoup plus. Il m'a dit qu'il avait envie de pleurer. Lui qui n'a pas pleuré depuis trente ans. Qu'il m'aimait, que tout à l'heure il regardait mon pied nu et qu'il se disait: ce n'est pas possible que je ne voie plus ce pied. Je lui ai répondu que moi aussi je l'aimais. Et le cauchemar de la crise s'est de nouveau dissipé.

Christine Angot
Pourquoi le Brésil ? 

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