jeudi 29 décembre 2011

I concentrate on you










Bugun erken kalktim. Denizi uyandirdim. 
Bir adam murekkepbaligi tutmus gosteriyordu. 
Egilip gozlerine baktim, masmaviydi, tortoptu. 
Bir agir isciydi sanki oyle soluyordu. 
Uc kisi oturmus cay icip gogu okuyorlardi. 
Lodosu anlatiyordu biri, lodos kiligina
girip. "Bodrum'da Isa'dan once yalniz Salmakis ve Zifiriya mahalleleri vardi," diyordu bir baskasi. 
Ben Dorlari ve Buyuk Iskender'i dusunuyordum. Bir de Saint-Petrum satosunu, sovalye Naillac'i.
Saat altida gunes cikti hepimiz dagildik. 


Kent
Ilhan Berk 

I, great magnanimous fool





Better that every fiber crack
and fury make head, 
blood drenching vivid
couch, carpet, floor
and the snake-figured almanac
vouching you are
a million green counties from here


than to sit mute, twitching so
under prickling stars, 
with stare, with curse
blackening the time
goodbyes were said, trains let go,
and I, great magnanimous fool, thus wrenched from
my one kingdom. 


Sylvia Plat
Monologue at 3 a.m.
1956


===> Istanbul - ( Birsen Tezer ) <===





Seni ozledim



Boyle yaz, boyle yazi mi olur?
Pus oturmus agirligiyla denize 
Goz gozu gormez bir mavi
Sus pus bugun buralari
Anonslar ince anlasilmaz 
Diyorlar ki; 
Boyle yaz, boyle yazi mi olur?


Tek heceye mecalsiz, sirilsiklam
Kipirtisiz, yokmusum gibi
Gozlerim acik, telefonda sesim
Seni ozledim


Ne cabuk almislar kederlerini
Ne cabuk almislar huzunlerini
Daha mi fazlaydi agrisi kalbinin
Dolu dizgin, benden onceki
Kac soz kurtarir? 
Nefessiz kac kulac cikarir beni sana
Kac soz?


Tek heceye mecalsiz, sirilsiklam
Kipirtisiz, yokmusum gibi
Gozlerim acik, telefonda elim
Seni ozledim 


Soz ve muzik : Birsen Tezer 




===> Sus Pus - ( Birsen Tezer )  <=== 





lundi 26 décembre 2011

Beni en cok ilgilendiren romanlar

























"Beni en cok ilgilendiren romanlar," demisti Ludmilla, "olabildigince kapali, acimasiz ve sapik insan iliskilerinden olusan bir yumagin cevresinde saydamlik yanilsamasi yaratan kitaplardir." 


Acaba bunu benim romanlarimda ilgisini ceken seyi anlatmak icin mi soyledi yoksa romanlarimda bulmak istedigi ama bulamadigi seyi aciklamak icin mi, bilmiyorum. 




Italo Calvino
Bir Kis Gecesi Eger Bir Yolcu 





jeudi 22 décembre 2011

Sonra, dondum

Epey bir zaman buradan uzakta kalmistim. Yabanci bir ulkedeydim. Her sey cok baskaydi. Her sey... Insan, bir yerde yabanci olunca, soylesinden bir rahatlik kazaniyor: Caniniz bir seye mi sikildi, yolunda gitmeyen bir sey mi var, cevreyle mi uyusamadiniz, bay falan ya da bayan filanla bir derdiniz mi oldu,  diyorsunuz ki kendinize : "Canim, yabancilik iste..." Sanki, yabanci olmasaniz bunlar olmayacakmis gibi gorunuyor. Derdinizi yabanciliga yukleyince, biraz olsun rahatliyorsunuz. Evet, o zaman her sey cok baskaydi. Iyi miydi, kotu muydu bilemiyorum. Cok baskaydi. Her sey... Sonra, dondum. Uzun suren atesli bir hastaliktan yeni kalkmis gibiyim simdi. Bircok seye yeniden baslamam gerekiyor. Yurumeyi bile sanki yeniden mi ogrenmek zorundayim, oyleye benziyor. Ustelik, hic de kolay oluyor degil. 




Necati Tosuner
Sisli ve Sonrasi 
1996








mercredi 21 décembre 2011

But suddenly now I know where I belong

A song for 2012 

Train Song - ( Vasthi Bunyan ) 


Train song 

Travelling north, travelling north to find you
Train wheels beating, the wind in my eyes
Don’t even know what I’ll say when I find you
Call out your name love, don’t be surprised

It’s so many miles and so long since I’ve met you
Don’t even know what I’ll find when I get to you
But suddenly now I know where I belong
It’s many hundred miles and it won’t be long
It won’t be long, it won’t be long, it won’t be long


Nothing at all in my head to say to you
Only the beat of the train I’m on
Nothing I’ve learnt all my life on the way to you
Only our love that’s over and gone

It’s so many miles and so long since I’ve met you
Don’t even know what I’ll find when I get to you
But suddenly now I know where I belong
It’s many hundred miles and it won’t be long

It won’t be long, it won’t be long, it won’t be long

 Bunyan-Clayre 




Kyoto 2007

vendredi 16 décembre 2011

Si je dis que je suis un menteur, mon énoncé s'annule et je dis la vérité



Car c'est bien le paradoxe d'Epiménide - et non une vérité enfouie - qui se trouve au coeur du Meurtre de Roger Ackroyd et de sa lecture, paradoxe qui se lit sous sa forme longue : "Epiménide le Crétois dit 'Tous les Crétois sont des menteurs'" et sous sa forme abrégée : "Je mens". On sait que ce paradoxe de Crétois a suscité pendent très longtemps des interrogations logiques, tendant à le présenter comme insoluble. En effet, si je dis que je suis un menteur, mon énoncé s'annule et je dis la vérité. Mais, la disant, je suis donc un menteur et mon énoncé s'annule, etc. 

Comme l'a montré Lacan, ce paradoxe n'est pas insurmontable, à condition de prendre la peine de distinguer le sujet de l'énoncé et celui de l'énonciation. "Je mens" est prononcé à la fois sur le plan de l'énoncé et sur celui de l'énonciation, et le prénom "je" condense deux sujets au point d'en faire disparaître un derrière l'autre. Le "je" qui prononce la formule diffère du "je" de "je mens". Dès lors, l'un est en mesure de dire le vrai dans le même temps où l'autre est déclaré menteur. 

Pierre Bayard 
Qui a tué Roger Ackroyrd?







mercredi 14 décembre 2011

Vivre comme tout le monde, en n'étant comme personne

























Que souhaitais-je au juste? Je ne savais même pas l'imaginer. Cette passivité me désespérait. Il ne me restait qu'à attendre. Combien de temps? trois ans, quatre ans? c'est long quand on a dix-huit ans. Et si je les passais en prison, ligotée, je me retrouverais à la sortie toujours aussi seule, sans amour, sans ferveur, sans rien. J’enseignerais la philosopohie, en provinece: à quoi cela m'avancerait-il? Ecrire? mes essais de Meyrignac ne valaient rien. Si je restais la même, en proie aux même routines, au même ennui, je ne progresserais jamais ; jamais je ne réussirais une oeuvre. Non, pas une lueur nulle part. Pour la première fois de mon existence, je pensais sincèrement qui'il valait être mort que vivant. 


Au bout d'une semaine, je reçus l'autorisation d'aller voir Jacques. Arrivée devant sa porte, la panique me prit : il était mon unique espoir, et je ne savais plus rien de lui sinon qu'il n'avait pas répondu à ma lettre. En avait-il été touché ou irrité? Comment allait-il m'accueillir? Je tournai autour du pâté de maisons, une fois, deux fois, ni morte ni vive. La sonnette encastrée dans le mur m'effrayait: elle avait la même fausse innocence que le trou noir où enfant j'avais imprudemment enfoncé mon doigt. Je pressai le bouton. Comme d'habitude, la porte s'ouvrit automatiquement, je montai l'escalier. Jacques me sourit, je m'assis sur le sofa cramoisi. Il me tendit une enveloppe à mon nom : "Tiens, dit-il, je ne te l'ai pas envoyée parce que je préférais que ça reste entre nous." Il avait rougi jusqu'aux yeux. Je dépliai sa lettre. En exergue il avait écrit : "Est-ce que ça te regarde?" Il me félicitait de ne pas craindre le ridicule, il me disait que souvent, "dans les après-midi chauds et seuls", il avait pensé à moi. Il me donnait des conseils. "Tu choquerais moins ton entourage en étant plus humaine ; et puis, c'est plus fort: j'allais dire, plus orgueilleux..." " Le secret du bonjeur et le comble de l'art, c'est de vivre comme tout le monde, en n'étant comme personne."


Simone de Beauvoir 
Mémoires d'une jeune fille rangée




===== > Amour - ( Rammstein )

lundi 12 décembre 2011

Certain rapport à la magie

[andalou]


Notes pour un matin andolu : plaisir d'un titre un peu pongien...


*

Difficile avec l'Andalousie de savoir exactement aussi précisément qu'il se peut qu'il le faudrait ce qui relève du matin dans mon bonheur d'être là, j'aimerais savoir, curiosité, au moins savoir si le matin, prépondérance, ou si seulement un élément, un parmi d'autres, parmi chaleur mer et palmiers, mots espagnols, et cette Espagne dans mon dos, toute cette Espagne accumulée, peut-être enfin jusqu'au Maroc. Risquer ici une intuition : chaque matin, conscience aiguë de ma présence, grande acuité alors terrible. 


Des certitudes à formuler: 
1. le matin andalou = surtout de la fraîcheur, une fraîcheur tiède, dégourdie, avant l'assaut de la chaleur - durée à vivre tel un sursis; 

2. le matin andalou = toujours le même bonheur, le même savoir: l'Andalousie dans mon régard (une évidence valant mirable, encanto);

3. le matin andalou: mérite mieux qu'un fragment - bouquet de proses, et pourquoi pas tout un volume; 

4. pour l'évoquer, privilégier des mots sensuels, du voluptueux - le mot précis, le seul qui vaille: encanto, de la famille d'encantare, incantare, incantation (certain rapport à la magie). 


Didier Garcia
Variations [1] sur le matin 
2008






dimanche 11 décembre 2011

Ce beau métier

Oui, oui, je vous dirai demain en quoi consiste ce beau métier. Vous partez après-demain, nous sommes donc pressés. Venez chez moi, voulez-vous, vous sonnerez trois fois. Vous retournerez à Paris? Paris est loin, Paris est beau, je ne l'ai pas oublié. Je me souviens de ses crépuscules, à la même époque, à peu près. Le soir tombe, sec et crissant, sur les toits bleus de fumée, la ville gronde sourdement, le fleuve semble remonter son cours. J'essais alors dans les rues. Ils errent aussi, maintenant, je le sais! Ils errent, faisant semblant de se hâter vers la femme lasse, la maison sévère... Ah! mon ami, savez-vous ce qu'est la créature solitaire, errant dans les grandes villes?...


Albert Camus
La chute 











Bruges - 2007
photos by çinla akdere

lundi 5 décembre 2011

Tu es bien, tu as tout ce que tu veux?

Malgré le tumulte, ils parvenaient à s'entendre en parlant très bas. Leur murmure sourd, parti de plus bas, formait comme une basse continue aux conversations qui d'entrecroisaient au-dessus de leurs têtes. Tout cela, je l'ai remarqué très vite en m'avançant vers Marie. Déjà collée contre la grille, elle me souriait de toutes ses forces. Je l'ai trouvé très belle, mais je n'ai pas su le lui dire. 


- Alors ? m'a-t-elle dit très haut. - Alors, voilà. - Tu es bien, tu as tout ce que tu veux? - Oui, tout. 


Nous nous sommes tus et Marie souriait toujours. 


Etranger
Albert Camus 









there's one man he's like

the wishful thinking in my life i see so
and he's like the wine on the weekend
and though he is like the sea and it's right he be so
if I hold tight he'll wash over me


There's one girl i like she's a smile on a Monday

and she'll fight to stay so
and she's like the sun on the weekend
and though she is like the sea and she's right to be so
I like that she sails with me


Didn't we all break down

Didn't we all fake
Isn't it alright now
Didn't we all break out


There's one man so bright he blocks the light

and he'll always be so
he's like no sleep on the weekend
and though he is like the sea and he's right to be so
when i hold tight i sink down deep


Didn't we all break down

Didn't we all fake
Isn't it all right now
Didn't we all break out


And though we are like the sea and it's right we be so

We could chase tails all the years I've been given



Words & Music by Lisa Hannigan

Featuring

Lisa Hannigan – Vocals & Guitar

Donagh Molloy – Trumpet

Tom Osander - Drums, Shakers

Shane Fitzsimmons – Upright Bass
Lucy Wilkins – Violin
Vyvienne Long – Cello
Rhob Cunningham – Backing Vocals

Justin Carroll – Hammond Organ



En yuksek kar orani

Sifir ucrete karsilik gelen En yuksek kâr orani kavrami, Marx'in "isciler havayla yasayabilseler bile" kâr oraninda bir dusme olasiligina soz arasinda deginmesiyle hem dogrudan (Capital, cilt III, dolum 15, ayirim II, Kerr derlemesi, s. 290); Adam Smith ile izleyicilerinin savunduklari, her malin fiyatinin "er ya da gec" butunuyle (yani geriye hic mal kalintisi birakmadan) ucret, kar, ranta ayristigi dusuncesine siddetli tepkisiyle hem genel olarak (Capital, cilt III, bolum 49, s. 979, 981 devami, Wealth of Nations, kitap I, bolum vi, Canon derlemesi I, 52'ye gonderme yaparken) Marx tarafindan onerilmistir. Bu sav, topraktan baska uretim araci kullanmadan yalniz emekle uretilen "asil" mallarin varligini zorunlu olarak ongormekte, dolayisiyla da kâr oranindaki artisi engelleyen degismez bir sinirla catismaktadi. 


Pierro Sraffa
Mallarin Mallarla Uretimi 








====== >  Le Bourgeois - ( Jacques Brel )